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Fêtes religieuses en Corse

Des siècles durant de nombreux saints étaient fêtés en Corse dont les noms ont disparu du calendrier diocésain. Les uns étaient entourés de telles incertitudes qu'il n'en restait plus qu'un nom... Tombés dans l'oubli également, l'un ou l'autre saints qui pour avoir subsisté dans les toponymes comme sainte Degna martyre romaine n'ont laissé aucune trace dans les dévotions populaires.

Fêtes religieuses en Corse

Les Saints Patrons corses - Sainte-Lucie

Combien d'autres encore fêtés au XIXe siècle comme saint Omobono patron des tailleurs... sainte Catherine Fieschi-Adorno... François de Gerolamo compositeur deu 'Dio vi Salvi Regina'... le bienheureux Jérôme de Corse bénédictin du Mont Olivet... ne sont plus connus et encore moins célébrés de nos jours.
Aussi, sous quel patronage vibre la Corse car ce qui nous intéresse ici se sont les saints patrons qui bénéficient encore d’une forme de dévotion populaire. L’influence de l’Eglise Catholique demeure forte sur l’ile de Beauté. Si ce sont les pères qui donnent les repères, les femmes sanctifiées occupent une place prédominante dans l’imaginaire corse, transmis génération après génération, pour sanctifier ce qui fait l’âme d’un peuple.
Il ne serait plus pertinent que d’ouvrir cet opus par un éclairage sur Sainte Lucie.
Lors de vos pérégrinations dans notre belle région, à la rencontre d’artisans locaux, vous avez certainement rencontré l’œil de Sainte Lucie qui éloigne le malheur (l’ochju) et vous porte chance.
Cette croyance populaire se retrouve sur tout le pourtour Méditerranéen et notamment Marseille dont ses pêcheurs qui mettaient au fond de leur bourse lors de leurs périlleuses sorties en mer ces fameux yeux.
La légende dit que les yeux de Sainte Lucie étaient si beaux que son bourreau ne pouvant les regarder les lui fit arracher avant son martyre avant que Dieu les lui rende la nuit suivante. C'est la raison pour laquelle ses portraits la représentent souvent avec deux yeux dans une coupelle.
Lucie de Syracuse a décidé de braver l’interdit fait aux premiers Chrétiens par les Empereurs Romains. Les croyants monothéistes ne pouvaient afficher en public leur conviction. Sous l’influence de Sainte Agathe de Catane dont elle avait demandé l’intervention face au malheur familial qui la frappait alors (orpheline de père, elle était sur le point de perdre son sa mère), elle va affirmer sa foi et ne jamais se renier malgré son arrestation.  Elle est victime de la délation auprès des autorités impériales, par vengeance, de celui qui lui avait été promis et qu’elle a décidé de ne pas épouser puisqu’elle voulait se consacrer aux plus démunis bien qu’issue d’une famille aisée. Sa mère guérie, elle va consacrer tous ses biens et toutes ses forces aux plus pauvres en mettant en avant sa foi. Arrêtée, torturée, elle est condamnée à être brûlée vive. Sur le bucher, elle continue à célébrer le Christ ce qui lui vaut d’être transpercée à la gorge. Peu de temps après, l'empereur romain Constantin a mis un terme aux persécutions des chrétiens dans l'empire romain par l'édit de Milan en 313, soit peu de temps après la mort de Lucie de Syracuse, dont la foi aurait pu être vécue librement sous le nouvel empire. Son destin fut autre…
Sainte Lucie est la Sainte-Patronne de la ville de Syracuse, et son influence a traversé la mer puisque plusieurs villages corses sont placés sous sa protection notamment la Ville di Pietrabugno ou Sainte Lucie de Tallano (Santa Lucia di Tallà) avec des églises et chapelles consacrées à Sainte Lucie ou renfermant en leur sein une statue à son effigie. Cette présence qui ne se retrouve dans aucune autre région française (excepté autour de Marseille)  témoigne de l'influence italienne en Corse.
La célébration de Sainte Lucie le 13 décembre a donné naissance à un dicton corse « à la Santa Lucia, u soli faci un saltu di gallina » (à la Sainte Lucie, le soleil fait un saut de poule).

Se rendre, depuis notre residence, à galeria ou se trouve la modeste mais fervente chapelle Sainte-Lucie a Prezzuna (commune de Galeria).

Cette visite est surtout prétexte à visiter, entre « mare e monti »,  Galeria et ses alentours. Parvenu, au fond de la vallée, au pont des Cinque arcate, l’accès du village se fera en empruntant un cul de sac ; au bout de vos efforts vous trouverez Galeria niché au creux d’un golfe entre la réserve de Scandola et le delta du Fango, richesses touristiques inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les paysages sont arides d’autant que l’été le lit du Fangu se fait parcimonieux.
Vous serez alors immédiatement aux prises avec la tour génoise construite entre 1551 et 1573. Tour qui  faisait partie des sept tours de la juridiction de Calvi.  Ces constructions de défense le long des côtes de la Méditerranée septentrionale pour se protéger des pirates Sarrasins et Barbaresques sont nombreuses en Corse. La dite tour fut ensuite détruite par les habitants du Niolu mécontents de la spoliation de leurs terres. En partie restaurée, elle a vocation, aujourd’hui, d’accueillir des manifestations culturelles et des banquets.
En continuant, à hauteur du cimetière et du monument aux morts, là où la route se partage en deux, vous avez le choix de prendre à gauche vers le centre du village ou de descendre à droite vers la plage et le port. Ce n’est pas la rade la plus belle de Corse ni les plages de sable fin mais le tout à son charme et vous trouverez de quoi vous détendre à moins que vous ne préfériez dores et déjà vous diriger vers « Galéria centre historique » qui s’étend plus haut sur un replat du Capu Tondu. L’accès le plus direct, depuis le port, est une rue quasi rectiligne à la pente fort abrupte.
Pendant le trajet, peut-être vous demanderez-vous d’où tire son origine le nom de Galeria, est-ce tout simplement une référence aux galères battant froidement pavillon au large.  Trop prosaïque sans doute, aventurons-nous en ce cas vers une autre explication.  Explication qui a le mérite de nous rattacher un peu à Sainte Lucie puisque le village tirerait son nom d’une origine romaine, Galerius Valerius Maximianus ayant été un des empereurs de la Tétrarchie au début du quatrième siècle.
La place et son église (récemment repeinte) avec les palmiers et les lauriers qui l’entourent un jour de marché sauront vous charmer. Par derrière l’église, une brève escapade à pied jusqu’au hameau de Calca donnera le tempo à votre journée. C’est aussi le départ du chemin de randonnée Mare e Monti qui mène à Girolata, mais le programme de ce jour vous l’évite, il est déjà bien chargé. Après cet hors d’œuvre, peut-être ferez-vous cap vers Prezzuna (prenez à droite lorsque les chèvres de Dominique et Joseph Acquaviva vous barrent la route de Calvi dans la montée du col du Marsulinu) où vous pouvez contempler le point de vue sur la vallée et les mini canyons creusés par le fleuve Fango.

Quelques kilomètres, suivant un chemin goudronné en plein maquis, suffisent pour faire face à la modeste petite église Sainte-Lucie, mais aussi l’ancienne école du hameau qui abrite la Casa di i Pueti, la Maison des Poètes niolins Pampasgiolu di l’Acquale et Peppu Flori. Si vous êtes amateur de fromage, je vous conseille ceux des heureux propriétaires des chèvres précédemment citées.
A votre retour, vous apercevrez peut-être les anciennes mines de l’Argentella et ses gisements de plomb argentifère mais aussi de cuivre qui aurait eu une première vie dès 1572 grâce aux Génois ou à cause de ces envahisseurs (c’est selon l’interprétation que l’on se fait des événements). Toutefois, elle connait son apogée durant le dix-neuvième siècle où la France non contente de bouter l’Anglois au nord s’est mis à bouter, perfidement, le Génois, côté sud, 100 ans auparavant. Non moins perfidement, en 1960, le gouvernement de Michel Debré eut comme velléité d’implanter sur le site une base d’expérimentations nucléaires. Devant les réactions virulentes d’associations corses, l’État français se rabattit alors sur l’atoll polynésien de Mururoa.
Certes, situé sur le territoire de la commune de Calenzana, il serait dommage de ne pas prolonger votre promenade de deux kilomètres jusqu’à d’autres ruines, celles du château du Prince Pierre Bonaparte, neveu de l’Empereur, se dressant sur un éperon rocheux au-dessus de la baie de Crovani, dans un paysage brûlé par le soleil.
Cette mise en bouche, vous a-t-elle ouvert l’appétit ? C’est maintenant que l’aventure commence à moins que vous préfériez repousser ce moment et vous adonner à des découvertes gastronomiques. Pour vous restaurer, la ville offre des options sympathiques et notamment le restaurant A Sulana. Pour les amateurs de pan bagnat, la sandwicherie A Funtanaccia est ce qu’il vous faut. Admettons qu’abstinent et déterminé, vous, fier « pinzutu », ainsi surnomme-t-on ici le continental, fraîchement débarqué sur l’île, vous ne pouvez attendre de toucher du doigt un premier émerveillement, découvrir derrière la tour, les bras du delta du Fango. Une balade découverte en canoë dans ce lieu protégé ne peut se refuser. Dépaysement total garanti ! La nature retrouve droit de citer, le monde dit moderne recul face à sa quiétude et magnificence. A votre retour l'Artigiana (premier commerce à l’entrée du village, à hauteur du parking de la tour génoise réservé aux baigneurs de la plage de la Foce) serait une halte tout à fait respectable, pour ne pas dire plus. A moins que vous ne décidiez de vous dirigez en direction du Fango et de ses piscines naturelles, où la Ciucciarella représente également une alternative heureuse.
Vous voilà dans la haute vallée du Fango. Au-dessus de vous, barrant la vallée, se détachent les hauts sommets de la Paglia Orba (2525m) et du Capu Tafunatu (2335m) et son rocher troué de 35 mètres de haut et 11 de large par lequel se glisse le soleil couchant au solstice d’été (et nous renvoie cette fois à la légende de Saint-Martin).
Agaves majestueux, treilles couvertes de raisins, jardinets fleuris, égayent les vieilles maisons de pierre parfois muettes comme un cri de désertification. Ici, tout est humble, sincère, émouvant.

De grandes forêts peuplées d’eucalyptus, de pins et de chênes verts qui seraient parmi les plus vieux du monde, recouvrent le versant de la rive gauche d’où surgissent au loin le hameau de Barghjana et l’église Saint-Pancrace. Plus haut, au col de Caprunale, il existe une croix au pied de laquelle les bergers déposaient une pièce lors de leur passage. Á la fin de l’estive, le dernier qui redescendait, ramassait l’ensemble des oboles et les remettait au maire pour l’entretien de l’église. Celle-ci entièrement fondée au XIXème siècle par les bergers et les habitants de la commune, n’appartient pas à l’évêché. Maintenant, la forêt cède la place à la végétation arbustive du maquis, la bruyère balai, le thym, le ciste de Montpellier, l’arbousier et la myrte dont on fait un vin sirupeux. Sa fleur constituait principalement la « poudre de badinage » très en vogue au Moyen Âge. Les vaches qui y divaguent, grignotent aussi le genêt corse et l’olivier sauvage. Sur les roches, s’agrippe le genévrier de Phénicie.
L’aigle royal, le gypaète barbu et les mouflons (les muvrini comme le célèbre groupe polyphonique) y élisent domicile. C’est là au pied du Tafunatu, à plus de 1000 mètres d’altitude, que le Fango prend sa source et porte sur un peu plus d’un kilomètre, le nom de ruisseau de Capu.
Traversez le Ponte Vecchiu, vestige de l’occupation de la Corse par Gènes durant plusieurs siècles. Dans une des piscines naturelles adonnez-vous à la farniente et à la douceur de vivre.
Face au spectacle qui se donne à voir, vous comprenez l’exclamation d’Antoine de Saint-Exupéry lorsqu’il avança « le soleil a tant fait l'amour à la mer qu'ils ont fini par enfanter la Corse ». Les Grecs de Périclès, en leur temps, l’aurait surnommée Kaliste (ce qui signifie la plus belle ou la très belle pour ceux parmi les hellénistes qui estiment qu’elle a dû partager son titre avec l’Ile de Santorin). Pour revenir à Saint-Ex, et en aparté, l’auteur de terre des hommes et du petit prince s’est envolé pour une dernière mission de guerre depuis la Corse à Bastia-Poretta le 31 juillet 1944. On ne le reverra plus.
Depuis l’Arinella, pour vous rendre à Galeria deux options s’offrent à vous, l’une peut être privilégiée à  l’aller quand l’autre fera l’objet de votre choix au retour.
A l’aller, suivez la route du bord de mer, elle vous enchantera dès la sortie de Calvi où vous laisserez sur votre gauche, à moins d’y faire une petite halte, Notre-Dame de la Serra.
Le retour se fera par l’intérieur, bien que différent, le paysage demeure attractif.

Via D81 – Durée : 34 min.- Distance : 33.4 km
Via D81b – Durée : 52 min – Distance : 46.3 km (route du bord de mer)

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